Un atelier qui a rencontré un tel succès au printemps 2024 qu’il est reconduit : la saison 2025 commence début avril, avec déjà 4 jeunes inscrits.
Du plant à la graine : un projet par et pour les jeunes accueillis
Au CSES Alfred Peyrelongue, les 200 jeunes en situation de handicaps sensoriels et poly-handicaps accueillis bénéficient d’un superbe parc et de tout l’équipement pour l’entretenir ! Début 2024, Raphaël Dugrand, moniteur éducateur nouvellement arrivé sur le Centre, a eu l’idée d’en faire quelque chose.
« Les jeunes de mon groupe étaient intéressés par le jardin. Nous avions du matériel inutilisé et une serre, alors nous avons monté un projet pour utiliser ces outils pédagogiques. Ils sont allés en parler aux autres enfants et, vite, on a développé un engouement ! » raconte Raphaël Dugrand.
Rapidement, 5 jeunes se positionnent sur l’activité à raison de 4h par semaine. Accompagnés de Florence Cazorla et Léonard Shameti, éducateurs venus en renfort, Louise, Loan, Mathéo, Mohammed et Yanis ont découvert les différentes étapes de la vie d’une plante : tamiser le terreau, planter les graines de tomates et d’herbes aromatiques, faire sortir les semences, rempoter, arroser, s’occuper des plantes tous les jours...
« Il a d’abord fallu remettre les installations en état et adapter les espaces aux jeunes qui ont parfois des mobilités réduites » explique Florence Cazorla. « Et pour cela, nous remercions les services techniques qui nous ont bien aidés ! »
Deux partenariats ont été mis en place :
- avec l’association KOKOPELLI qui a fourni des graines bio de fleurs et des plants
- avec Antoine le Potagiste, un YouTubeur Girondin, qui a offert aux enfants une licence sur son logiciel de calendrier du jardin.
Une fois les plants sortis, une grande vente de plantes a été organisée à destination des professionnels du Centre et des parents. Là encore, les jeunes se sont impliqués pour préparer les commandes et vendre les plants. Loan a même proposé une vente itinérante avec son tricycle ! L’argent récolté permettra aux jeunes de passer un moment convivial à l’extérieur du Centre et d’acheter du matériel pour aménager un nouveau carré potager.
Une activité aux multiples vertus
L’ouverture d’esprit et le vivre ensemble étaient au cœur du projet. Il a permis aux jeunes de se rencontrer différemment en travaillant ensemble, en mixant des groupes jusqu’alors cloisonnés pour casser les préjugés et les peurs de l’autre. Mais le projet a vu fleurir d’autres effets positifs, plus intimes.
L’activité a en effet fait éclore le sentiment d’utilité et l’amour-propre chez les participants.
« Pour des jeunes qui ont été exclus du système scolaire malgré eux, travailler à ce projet de la graine à la plante fait du bien. Ils ont compris que ce n’est pas parce qu’ils ne vont pas à l’école qu’ils ne peuvent pas être utiles aux autres êtres vivants, à la société. Ils peuvent être reconnus par leur travail » explique Raphaël Dugrand.
« On l’a tout de suite vu dans leur cercle familial quand les jeunes ont offert des plantes à leurs parents » reprend Florence Cazorla. « Certains ne pensaient pas que leurs enfants étaient capables de faire cela ! Ils ont été surpris mais surtout très fiers, et ça a rendu les enfants fiers d’eux-mêmes. »
Enfin, les éducateurs ont travaillé tout au long du projet sur l’autonomisation et l’autodétermination des enfants en les rendant acteurs de leur emploi du temps : prendre part au projet ou de ne pas y participer, tester et rester ou partir, proposer d’autres activités à faire sur le temps dédié… Une notion qui n’est pas toujours facile quand on a été accompagné toute sa vie !
Trouver sa voie
Ce projet révèle et confirme même des vocations ! Il aboutit pour Loan sur un projet très concret, un projet de vie.
« Loan, il est fait pour ça ! » s’exclame Raphaël Dugrand. « Quand il n’y a pas atelier, il fait le tour du parc en vélo pour s’occuper des plantes. Il le faisait déjà avant mais ce projet a permis d’exprimer ce qu’il voulait faire de sa vie : travailler dans un service Espaces Verts en ESAT. Il cherche d’ailleurs un stage ! »
« On a un jeune qui se révèle et qui développe ses compétences. C’est fort et ça nous rappelle qu’à travers chaque activité, on les aide à structurer leurs vies. Ça nous pousse encore à créer des partenariats avec des IME et des ESAT pour faciliter les parcours de nos jeunes et qu’ils puissent réaliser leurs souhaits » conclut Florence Cazorla.
Nous leur souhaitons une belle récolte !
