Les joueurs du Stade Montois Rugby étaient en cannes, lundi 29 septembre 2025. Pas de cardio renfo au programme cet après-midi-là, mais un exercice inédit, de nature à déstabiliser jusqu’aux piliers les plus solides : yeux bandés et lunettes de simulation de malvoyance sur le nez, Théo Cortes, Wahel Ponpon, Samuel Lagrange et Mathys Bats se sont glissés durant une heure et demie dans la peau d’une personne déficiente visuelle.
Le challenge du jour : déambuler, ainsi privés de leurs yeux, dans les installations du stade André-et-Guy-Boniface, dont ils connaissent les moindres recoins.
Cette opération de sensibilisation était organisée à l’initiative du Pôle sensoriel des Landes, en amont de la Journée internationale de la canne blanche organisée le 15 octobre. Pour que cette immersion soit totale, Benjamin Nigel, spécialiste en orientation et mobilité du Pôle sensoriel, et la directrice de la structure, Sandrine Aribaud, étaient accompagnés de Christophe Fasolato, devenu aveugle il y a une vingtaine d’années des suites d’une rétinite pigmentaire, et de Mélanie Oliot, souffrant de la même pathologie évolutive, et dont le champ de vision n’est « pas plus grand que le trou d’une serrure ». Tous deux ont pu expliquer aux joueurs les difficultés de leur quotidien et donner de précieux conseils dans la façon d’aborder le handicap visuel et d’utiliser la canne.

Wahel Ponpon et Samuel Lagrange chaussent les lunettes de simulation de malvoyance. Philippe Salvat / SO
« C’est un entraînement »
« On choisit la canne en fonction de sa taille, précise Christophe Fasolato, qui l’utilise depuis environ treize ans. Je fais 1,75 mètre et j’ai une canne de 135 centimètres. Le but, c’est que vous soyez le plus à l’aise possible au niveau du balayage et de la marche. C’est une petite gymnastique : quand la canne part à gauche, vous avancez votre pied droit et quand elle part à droite, vous avancez votre pied gauche. C’est un entraînement, de la même manière que vous avez des entraînements sportifs. Après, beaucoup d’informations sont données par l’environnement : les sons sont très importants, l’air, la lumière. Il faut savoir les accueillir, les intégrer et les interpréter. »
Une fois les bases énoncées, les joueurs se sont équipés.
« Je vais d’abord essayer les lunettes, pour me rendre compte de ce que voit Mélanie », lance Théo Cortes. Le verdict ne tarde pas : « Elle a zéro vision périphérique. » D’où l’obligation de tourner la tête en permanence, à la recherche d’informations visuelles. Mélanie confirme : « On a tout le temps les yeux qui cherchent et qui travaillent. Je suis toujours en train de scanner, d’enregistrer des informations, ça se traduit par des problèmes de migraine. »

Des joueurs du Stade Montois Rugby s’essaient à la cécité au stade Boniface. Philippe Salvat / SO
Rendez-vous le 31 octobre
Un nouveau rendez-vous a été pris le 31 octobre prochain, à l’occasion du match contre Nevers. « Vous pourrez assister au match en audiodescription, note Eva Fourtané, chargée de communication du Stade Montois Rugby. Vous serez équipés d’un casque auditif pour entendre le commentateur du match en direct, et deux joueurs viendront avec vous pour faire le parcours de l’entrée du stade jusqu’à la tribune. On espère développer à l’avenir des partenariats comme cela. »
Bientôt une association
Les adhérents de l’Irsa, structure spécialisée dans l’accompagnement des personnes concernées par un handicap visuel et / ou auditif, qui porte le Pôle sensoriel de Mont-de-Marsan, sont en train de créer l’association La Canne de l’ouïe. « C’est un groupe d’entraide pour les malvoyants, non voyants, malentendants et sourds profonds, qui va leur permettre de bénéficier d’un lieu de rencontres et d’entraide », décrit Mélanie Oliot.
« L’un des projets importants est justement la sensibilisation, enchaîne Christophe Fasolato. Il est fort possible que nous sollicitions le Stade Montois pour faire des choses ensemble. Tout cela se met en place. »
Article publié par Aurélie Champagne pour le journal sud-ouest le 09/10/2025.
